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Le plus grand succès de valorisation commerciale des universités canadiennes

L’UdeS dans presque tous les cellulaires de la planète

Nous sommes en 1988.

Local 318 à l’époque. Dans un mélange de fumée, de café et de bonnes idées a vu le jour une invention presque aussi impressionnante que la découverte du transistor : la technologie générique ACELP. Cette technologie de compression de la voix a émergé des réflexions et des actions d’un petit groupe de recherche de la Faculté de génie dans les années 1980, avec à sa tête le professeur émérite Jean-Pierre Adoul. «On a pris des risques à l’époque, dit-il. On y croyait. Mais, pour moi, le mot qui explique le mieux nos débuts de l’aventure, c’est l’amitié. Un mot plus fort encore que la collaboration.» Depuis le premier brevet déposé en 1989, les activités de ce groupe de recherche ont influencé le développement mondial de la téléphonie cellulaire. C’est l’histoire d’une association gagnante entre une vision entrepreneuriale innovatrice, une synergie dynamique, une prise de risques audacieuse et une conjoncture incroyable.

Nous sommes en 2016.

Actuellement, cette technologie d’encodage numérique de la voix est utilisée quotidiennement dans plus de 95 % des téléphones cellulaires de la planète, ce qui représente plus de 6 milliards d’usagers. Il s'agit du plus grand succès de valorisation commerciale de travaux de recherche universitaires au Canada. C’est l’automne ACELP, rien de moins. Les directions institutionnelle et facultaire tenaient à honorer de belle et pérenne façon les gens derrière cette histoire. Arrivé directement d’Europe, le professeur Jean-Pierre Adoul était des nôtres en cette fin de semaine bien remplie, en compagnie de plusieurs acolytes qui ont soit accompagné, suivi ou complété son parcours au cours des 40 dernières années. Il a vécu de belles journées teintées d’honneurs, de retrouvailles et de souvenirs.

Prix Grande distinction

La rectrice Luce Samoisette et les récipiendaires du prix Grande distinction, soit Laurent Amar, Jean-Pierre Adoul et Sylvain Desjardins.
La rectrice Luce Samoisette et les récipiendaires du prix Grande distinction, soit Laurent Amar, Jean-Pierre Adoul et Sylvain Desjardins.
Photo : UdeS - Michel Caron

Les récipiendaires du prix «Grande distinction 2016 à une organisation qui reflète les valeurs de l’Université» ont toujours su transposer en action ces valeurs, qui reflètent une quête d’excellence et de dépassement. Le professeur émérite Jean-Pierre Adoul, inventeur de la technologie ACELP, Sylvain Desjardins, coprésident de VoiceAge, et Laurent Amar, président de Sipro Lab Telecom et coprésident de VoiceAge, sont montés sur la scène principale lors de la collation des grades du samedi 24 septembre pour recevoir ce prix.

Sipro Lab Telecom et VoiceAge coordonnent depuis plus de 20 ans les activités de développement et de commercialisation de la plateforme technologique générique ACELP, issue des activités des chercheurs-inventeurs du Groupe de recherche sur la parole et l’audio de la Faculté de génie. Grâce à des partenariats entre l'Université de Sherbrooke, VoiceAge, Sipro Lab Telecom et plusieurs géants de la télécommunication en Europe, en Asie et en Amérique du Nord, ces inventions ont généré des revenus de 180 M$ pour l’Université de Sherbrooke et ses chercheurs-inventeurs sous forme d’octroi de fonds de recherche, de redevances et de dividendes. «Vouloir être un agent de changement. Voilà l'un des éléments déterminants dans le succès international de l’aventure ACELP. Pour faire la différence, il faut oser penser différemment», exprime Sylvain Desjardins, coprésident de VoiceAge.

Le 3000 boul. de l’Université devient le Parc Innovation-ACELP

Le doyen Patrik Doucet, Laurent Amar, le professeur émérite Jean-Pierre Adoul, Sylvain Desjardins et la rectrice Luce Samoisette.
Le doyen Patrik Doucet, Laurent Amar, le professeur émérite Jean-Pierre Adoul, Sylvain Desjardins et la rectrice Luce Samoisette.
Photo : UdeS - Martin Blache

Les bâtisseurs de la technologie générique ACELP font honneur depuis des décennies à des valeurs mises de l’avant par l’Université : être visionnaires, vouloir se dépasser, agir avec conviction et oser l’audace. Cette fois, c’est l’Université qui veut leur retourner l’honneur en assurant un rayonnement pérenne à ce retentissant succès d’innovation technologique. À partir d'aujourd'hui, le 3000, boulevard de l’Université arbore donc une nouvelle identité. On parlera désormais du Parc Innovation-ACELP.

Avec un parc d’activités déjà teinté par l’effervescence technologique, le Parc Innovation s’est avéré le choix parfait pour y accoler la désignation ACELP. Plusieurs projets de recherche y sont en cours, pouvant conduire à d’importantes innovations technologiques et marquer ainsi le développement de la société. Que l’on parle du CTA, du 3IT ou du futur Centre de mise à l’échelle, des regroupements d’étudiants, de chercheurs et de partenaires s’animent quotidiennement dans un bouillonnement technologique hors du commun. Et tout comme l’aventure ACELP, on vibre à l’idée que le transfert de l’innovation technologique dans la société est réellement à notre portée. «L’aventure ACELP, c’est une démonstration éloquente de valeurs importantes que l’on veut transmettre à nos étudiants et étudiantes. Une belle vitrine sur l’audace, la vision et l’entrepreneuriat», affirme le doyen de la Faculté de génie, le professeur Patrik Doucet.

Seize pieds d’honneur

La Faculté de génie a emboîté le pas en tapissant deux de ses murs de fierté ACELP. Une murale de 16 pieds de long a été mise à jour dans l’Espace de l'excellence en recherche et en création des membres de la Faculté de génie. En 2005, l’illustration du succès d’ACELP inaugurait cet espace. Aujourd’hui, les 5 pieds de plus de la murale illustrent bien le chemin parcouru depuis 10 ans. De plus, un autre mur honorifique, bien ancré désormais entre les ambassadeurs et les docteurs d’honneur, a été inauguré pour mettre de l'avant les récipiendaires du prix Grande distinction. Sipro Lab Telecom et VoiceAge s’y retrouvent donc, en compagnie de Moment Factory, récipiendaire facultaire en 2014.

Nouvelle révolution à venir

«Une grande idée n’est jamais petite.» Ces paroles sont du professeur Roch Lefebvre, actuel directeur du Groupe de recherche sur la parole et l’audio, conférencier invité en compagnie de Sylvain Desjardins vendredi dernier. Devant une centaine de personnes, ils ont raconté la percée technologique d’ACELP, le modèle d’affaires élaboré et l’aventure entrepreneuriale d’ACELP. Dans une parfaite complémentarité, ils ont su faire ressortir l’importance de croire en ses idées, de persévérer dans ses convictions, de s’associer avec des gens qui y croient et de collaborer avec des talents complémentaires.

En termes d’entrepreneuriat technologique, l’aventure ACELP est un succès mondial, rien de moins, et a sans contredit contribué à mettre l’Université de Sherbrooke sur l’échiquier mondial. En 1995, cette nouvelle technologie est adoptée comme norme internationale en numérisation de la parole. Dès lors, les nouveaux systèmes de téléphonie cellulaire utilisent la technologie ACELP. Grâce aux actions innovatrices sur les plans stratégique et commercial de Sipro Lab Telecom et VoiceAge, les découvertes du groupe de recherche ont littéralement orienté le développement planétaire de la téléphonie cellulaire.

Et l’aventure se poursuit par la quête d’un codec universel. Le plus récent standard adopté en 2014 pour la téléphonie cellulaire est basée sur la troisième génération de la technologie générique ACELP. Cette nouvelle technologie saura assurément révolutionner la qualité des communications de la voix et de la musique en téléphonie cellulaire et internet pour les réseaux 3G, 4G et 5G.

La quête de l’excellence, le goût du dépassement et l’audace caractérisent parfaitement les bâtisseurs d’ACELP. La souplesse d’un petit groupe de recherche fait toute la différence, aux dires des principaux intéressés. Sûrement. Mais un noyau de chercheurs qui perdurent dans le temps et qui donnent du sens au verbe «oser», ça peut sûrement aider aussi.


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