Des étudiants en génie conçoivent une civière qui suscite un grand intérêt
La civière d'évacuation pour personnes à mobilité réduite
a remporté un prix provincial et pourrait être commercialisée
MARTY MEUNIER
L'évacuation d'un hôpital en cas d'incendie constitue un défi de taille.
Sortir des personnes handicapées ou immobilisées peut être une tâche
particulièrement compliquée si les ascenseurs sont inaccessibles. Les
secouristes doivent se rabattre sur les escaliers, et les civières
actuellement en usage rendent l'évacuation difficile et risquée. Des
étudiants de la Faculté de génie ont conçu et fabriqué un nouveau système
d'évacuation répondant aux besoins du marché : une civière d'évacuation avec
mécanisme de freinage. Le prototype suscite beaucoup d'intérêt et pourrait
être commercialisé.
Les membres de l'équipe de l'Opération rez-de-chaussée de l'Université de
Sherbrooke (ORCUS) ont conçu cette civière dans le cadre de leur projet de
conception de fin de baccalauréat en génie mécanique. Il s'agit de Benoît
Beaudry, François Bergeron, Jean-Sébastien Gosselin, Hugo Bastien, Vincent
D. Sonsino, Étienne Poulin et Noémie S. Tremblay. Ils ont mis la civière au
point après avoir consulté l'Institut universitaire de gériatrie de
Sherbrooke et le Service de protection contre les incendies de Sherbrooke.
L'équipe de l'ORCUS a raflé le 1er prix du concours international
Innovation recherche 2007 de l'Association de l'industrie des technologies
de la santé. Les critères d'évaluation du concours étaient basés sur le fond
et l'intérêt scientifique ou technique, le potentiel d'application
commerciale et industrielle ainsi que la forme et la qualité de la
présentation.
Ce concours était ouvert aux chercheurs, aux professeurs ainsi qu'aux
étudiantes et étudiants universitaires de 2e et 3e cycles. L'ORCUS était la
seule équipe composée exclusivement d'étudiants à présenter un projet. Le
prix a été remis à la Conférence annuelle sur les technologies de la santé
qui se déroulait à Montréal le 15 mars.
Freiner en descente, glisser en surface
La civière novatrice conçue par l'équipe de l'ORCUS permet une évacuation
rapide et sécuritaire des personnes à mobilité réduite. Grâce à un concept
ingénieux de glissement à deux niveaux, le système est tiré aisément sur le
sol et freine dans les escaliers, facilitant énormément la tâche des
préposés. La structure de la civière permet de supporter une charge de
113 kg et un système de repliement permet un rangement facile et optimal.
Pour freiner cette descente, un revêtement adhérent composé d'un matériau
avec un coefficient de friction élevé et une surface en relief se retrouve
sous la structure. Des éléments à faible coefficient de friction sont
présents sous la structure pour faciliter le transport horizontal sur
l'étage. Le système est également muni d'un frein d'urgence qui permet un
arrêt rapide dans les escaliers. Une courroie permet de contrôler le frein
et de tirer le système. Enfin, la fixation du patient au système est simple
et permet son immobilisation.
La civière comporte d'autres avantages : une fabrication abordable, un
freinage efficace, un fonctionnement intuitif à toute épreuve et une
évacuation confortable. De plus, elle est plus sécuritaire et efficace que
ce qui est offert sur le marché. Une demande de brevet provisoire a été
déposée aux États-Unis le 6 décembre et une demande de brevet au Canada a
également été déposée.
Mise en marché
Le marché potentiel de cette civière regroupe hôpitaux, centres pour
personnes âgées, appartements, immeubles à bureaux, services de pompiers,
ambulanciers et secourisme militaire. Le besoin grandissant lié au
vieillissement de la population motivera les entreprises qui fabriquent des
équipements médicaux et des appareils de sauvetage à considérer cette
invention. Un partenaire commercial est recherché pour finaliser le
développement du produit, entreprendre sa fabrication et sa
commercialisation. Des entreprises sont courtisées afin de finaliser le
développement du prototype. «Nous devons trouver un partenaire qui rendra la
civière plus attrayante, entreprendra sa fabrication et la commercialisera»,
affirme Benoît Beaudry, l'un des concepteurs et étudiant à la maîtrise en
génie mécanique.
Maintenant, il reste à déterminer quelle sera l'entreprise qui fera la
meilleure offre pour commercialiser le projet. En réinventant le génie à
leur façon, ces étudiants ne chômeront pas!
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