1987-1991
«D'abord les femmes» – Gilles Pelloille
À la rentrée de septembre 1987, Liaison passe du statut de
bulletin à celui de journal. L'identité graphique est transformée et on
trouve davantage d'articles orientés vers les gens qui font l'événement. De
plus, le format et le mode de fabrication se modernisent. Toutes les étapes
de production du journal sont effectuées à l'ordinateur, de la rédaction à
la mise en pages. De format tabloïd et imprimé sur papier journal,
Liaison voit son contenu rédactionnel augmenter de 30 %.
Cette époque est marquée par le débat sur la féminisation des titres
professionnels. En mars 1989, Gilles Pelloille, rédacteur en chef d'alors,
décide «de risquer une bravade». Profitant de la Journée mondiale des
femmes, il publie un numéro où le féminin l'emporte sur le masculin tout au
long du journal! «Le terme bravade que j'utilise peut vous paraître exagéré,
mais dans le contexte de l'époque, c'était risqué. Et pas seulement parce
que cette édition du journal couvrait aussi l'élection au rectorat. Les
autres journaux universitaires naviguaient alors entre les formules
boiteuses qui consistaient pour certains à mettre les femmes entre
parenthèses, pour d'autres à les ignorer. Pour notre part, nous avions déjà
adopté l'excellent compromis que proposait le ministère de l'Éducation de
l'époque dans son document Ayons bon genre», raconte Gilles Pelloille.
«Pourtant, ce compromis soulevait encore des réactions à l'Université et
le numéro spécial du 9 mars 1989 a fait culminer le débat durant quelques
semaines, puis il semble l'avoir clos. Plus personne n'a ensuite critiqué la
place faite aux femmes dans nos pages! Nous avons aussi vu disparaître des
pages de nos collègues la fameuse phrase : Le générique masculin englobe le
féminin et il est utilisé dans le but d'alléger le texte.»
Mais les temps changent, remarque Gilles Pelloille. La lutte du
Groupe interfacultaire de rencontres des femmes professeures (GIRFUS) a
ensuite été considérée par les jeunes générations comme un combat gagné et
désormais inutile. Le GIRFUS est disparu dans les années 1990.
«Dernièrement, une jeune collègue m'affirmait : Ça fait des textes bien trop
lourds pour rien! Pourquoi répéter sans arrêt qu'il y a des étudiantes et
des étudiants? On l'a prise, notre place! Est-ce bien sûr?»
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